Le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), comme les autres représentants du genre Rhinolophus, ont un feuillet nasal en forme de fer à cheval autour des narines et émettent les ultrasons nécessaires à l'écholocation par le nez. Au repos ou en hibernation, ils s'enveloppent dans leurs ailes et pendent librement aux voûtes, plafonds ou sous-toitures. Leurs ailes larges aux extrémités étroites leur confèrent une grande manoeuvrabilité en vol et leur permettent de chasser en milieu fermé, mais le vol relativement lent et papillonnant qui en résulte et la faible puissance de leurs émissions ultrasonores les rendent dépendants des éléments paysagers linéaires (haies et lisières notamment) lors de leurs déplacements (cette dépendance aux éléments linéaires et à la connectivité paysagère est surtout marquée chez le Petit Rhinolophe). Les deux espèces chassent habituellement dans un rayon de moins de 5 km autour de leur gîte (2 à 3 km pour le Petit Rhinolophe) et montrent une préférence pour les paysages bocagers avec des prairies maillées de haies et de vergers, des boisements feuillus interconnectés par des haies et des alignements d'arbres et des structures arborées linéaires telles que les ripisylves. Ils chassent les insectes en vol ou à l'affût à partir d'un perchoir, mais peuvent également capturer des proies posées dans la végétation. Dans notre région, le Petit Rhinolophe établit ses colonies de reproduction sous les toits, dans les combles ou greniers de bâtiments où la température peut dépasser 30°C en été et apprécient particulièrement les gîtes exempts de courant d'air et présentant une diversité de conditions microclimatiques. La Grand Rhinolophe est moins dépendant des combles et greniers de bâtiments et établit fréquemment ses colonies de reproduction en milieu souterrain ou pseudo-souterrain en Lorraine (blockhaus et forts notamment). L'hibernation a lieu de septembre-octobre à mars-avril en sites souterrains à forte hygrométrie avec une température stable comprise entre 4°C et 11°C (grottes, mines, caves). A l'inverse du Petit Rhinolophe, le Grand Rhinolophe est grégaire en période d'hibernation et peut former des essaims regroupant de nombreux individus. L'hibernation n'est pas continue et les individus peuvent aller chasser lors de périodes de redoux.

Menaces : Les populations de Petits et Grands Rhinolophes ont subi un déclin massif depuis une cinquantaine d'années dans la majeure partie de l'Europe occidentale et centrale ; depuis une dizaine d'années, dans certains secteurs où les populations ont persisté et notamment en Lorraine, la tendance semble heureusement s'inverser. Les principaux facteurs responsables du déclin des Rhinolophes sont l'utilisation massive de pesticides en agriculture, la fermeture des accès aux bâtiments utilisés autrefois comme gîtes d'estivage, l'éclairage des bâtiments et des zones rurales, le dérangement en période d'hibernation et la simplification du paysage, en particulier l'arrachage des haies. Parallèlement à ces menaces d'origine anthropique, la dynamique très lente des populations (faible taux de reproduction), la prédation (notamment par la fouine en gîtes de reproduction) et les aléas climatiques peuvent constituer des facteurs aggravants et expliquer la lenteur relative de reconstitution des populations de Petits et Grands Rhinolophes.

►Conservation : La mise en oeuvre d'actions en faveur des Rhinolophes doit se baser sur une solide connaissance des exigences écologiques des espèces et la prise en compte de leur habitat dans sa globalité (gîtes, terrains de chasse et connectivité paysagère). Parallèlement à des mesures incitatives de fond visant à préserver ou restaurer un paysage bocager de qualité (agriculture plus extensive avec réduction des intrants et pesticides, maintien ou plantation de haies et de prés-vergers fauchés ou pâturés, protection des ripisylves), des actions peuvent être menées localement au niveau de l'aménagement et de la protection des gîtes d'estivage et d'hibernation. Au-delà de ces actions directes sur leur habitat, il s'agit de réapprendre à cohabiter avec le Petit et le Grand Rhinolophe et les opérations de sensibilisation du grand public sont un aspect incontournable de la stratégie de conservation de ces espèces largement anthropophiles.

(Photo : Grand Rhinolophe © F. Schwaab ; texte partiellement extrait de Connaître et protéger les chauves-souris de Lorraine, CPEPESC Lorraine et Les chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, Collection Parthénope)

Fiches Natura 2000 sur le Petit Rhinolophe (BE FR) et le Grand Rhinolophe (BE FR)

 

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