La Chouette chevêche ou Chevêche d'Athéna (Athene noctua) est l'hôte typique de nos prés-vergers pâturés ou fauchés. C'est un rapace nocturne, surtout actif en début et fin de nuit, qui chasse à l'affût depuis un perchoir et capture la plupart de ses proies au sol (campagnols, mulots, musaraignes, vers de terre et insectes). Dans nos régions, la Chouette chevêche est liée à l'Homme et occupe les zones agricoles traditionnelles lui offrant des cavités pour nicher ainsi que des perchoirs et des zones d'herbes rases pour chasser. Les pâturages humides à saules têtards, les prés-vergers fauchés ou pâturés et les prairies à proximité des villages ou de bâtiments isolés peuvent donc lui convenir. La Chouette chevêche semble apprécier les milieux diversifiés présentant une mosaïque de petites parcelles lui offrant un accès à ses proies favorites tout au long de l'année ; elle ne se rencontre que très rarement en milieu forestier. Son rythme d'activité annuel est dicté par la reproduction et comprend la délimitation du territoire et l'accouplement entre février et avril, la ponte et l'élevage des jeunes entre mai et juillet, la mue entre août et novembre (avec une période en septembre-octobre durant laquelle le mâle adopte une attitude territoriale vis-à-vis des jeunes à la recherche d'un territoire) et un repos hivernal en décembre-janvier.

Menaces : La disparition et la simplification des milieux favorables à la Chouette chevêche suite aux opérations de remembrement, au développement de l'agriculture intensive et à l'urbanisation croissante, la raréfaction des proies à la suite de divers traitements appliqués aux prairies et aux cultures, les collisions avec les véhicules sont autant d'éléments responsables du déclin de ses populations. A cela s'ajoutent divers facteurs de mortalité (conditions climatiques défavorables, prédation par des animaux domestiques ou sauvages, dont la fouine, poteaux creux et abreuvoirs à bétail dans lesquels les Chouettes chevêches se retrouvent piégées...) qui, s'ils ne représentent pas une menace pour une population en bonne santé, peuvent sonner le glas pour de petites populations déjà affectées par d'autres causes de régression. Le fait que la Chouette chevêche ne fasse qu'une ponte de 3 à 5 oeufs par an et que les pontes de remplacement après un premier échec soient très rares augmente encore le risque de déclin des populations fragilisées.

Conservation : La Chouette chevêche a des exigences écologiques assez simples à satisfaire : des zones d'herbes pas trop hautes présentant une disponibilité de proies suffisante, des cavités pour nicher et des perchoirs pour chasser à l'affût. Cet habitat, assez commun autrefois en milieu rural, tend à se raréfier car les pratiques de l'agriculture traditionnelle qui structuraient un paysage favorable à la Chouette chevêche ne sont plus adaptées au contexte économique actuel. L'application de mesures simples, mais généralisées (réduction des intrants, pâturage plus extensif...), permettrait d'améliorer sensiblement et rapidement la capacité d'accueil du milieu agricole pour la Chouette chevêche : la conservation à long terme de cette espèce est donc avant tout une question de politique agricole. Parallèlement à une hypothétique réorientation profonde des pratiques agricoles, des actions peuvent être menées localement et à plus court terme pour améliorer la structure paysagère, augmenter le succès de reproduction et limiter les risques de mortalité pour les populations existantes. La revalorisation de pratiques agricoles traditionnelles (production fruitière en prés-vergers fauchés ou pâturés, production de bois de chauffage par la plantation et l'entretien de haies...), accompagnée éventuellement de leur subventionnement, peut contribuer à l'amélioration de la structure paysagère. La pose de nichoirs, réalisée de manière réfléchie, peut contribuer à améliorer le succès reproducteur de la Chouette chevêche. Enfin, d'autres actions ponctuelles, telles que l'obturation de poteaux creux, permettent de limiter les risques de mortalité.

(Photo © J.-M. Poncelet ; texte partiellement extrait de La Chevêche d'Athéna, Delachaux et Niestlé et The little owl: Conservation, ecology and behavior of Athene noctua, Cambridge University Press)

Répartition de la Chouette chevêche dans le bassin de la Chiers

(État des connaissances au 31/12/2011)


 

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