Le Triton crêté (Triturus cristatus) est le plus grand des quatre espèces de Tritons de notre région ; en période nuptiale, le mâle arbore une haute crête dentelée sur le dos. Le Triton crêté est avant tout une espèce des campagnes et des paysages ouverts des plaines et collines de basse altitude. Plus exigeant que les autres Tritons, il se reproduit dans les mares, étangs et fossés de préférence assez profonds, permanents, riches en végétation aquatique et bien ensoleillés. Il semble préférer les mares de 50 à 250 m², les petites mares étant plus attractives lorsqu'elles sont regroupées. Son habitat terrestre comprend des prairies, haies, lisières, bosquets ou des friches. Le retour à l'eau pour la reproduction a lieu principalement en mars-avril mais peut parfois débuter dès février, exceptionnellement janvier, si les nuits sont assez douces. Les adultes restent longtemps à l'eau, parfois davantage que les autres espèces et souvent jusqu'en juillet-août. Après la reproduction, les Tritons crêtés poursuivent une vie terrestre nocturne, restant cachés le jour dans leurs abris. En fonction de la température, ils entrent dans une phase de vie ralentie en septembre-octobre et hivernent à l'abri du gel, souvent dans la terre meuble, des terriers de petits mammifères, dans la litière d'un sous-bois ou sous des matériaux en décomposition.
►Menaces : La destruction et l'altération des habitats terrestres et aquatiques du Triton crêté, liées principalement à l'agriculture intensive et secondairement à l'urbanisation, représentent la menace principale pour l'espèce. En milieu terrestre, la réduction des prairies permanentes, une pression agricole intensive, la disparition des petits éléments paysagers, la rareté des abris ou encore la gestion inadaptée des bords de routes sont autant de facteurs défavorables au Triton crêté. L'atterrissement naturel des mares, leur ombrage progressif, leur comblement, leur pollution ou leur empoissonnement sont également à l'origine du déclin de ses populations. La raréfaction des milieux favorables au Triton crêté accentue la fragmentation déjà avancée de son habitat et le risque d'isolement et donc d'extinction de ses populations, la viabilité de celles-ci étant liée à un fonctionnement en métapopulation au sein d'un réseau assez dense de mares interconnectées, avec un optimum probable de 4 à 8 mares par km².
►Conservation : Les mesures de conservation des populations de Tritons crêtés s'articulent autour de l'offre de sites aquatiques favorables à la reproduction, de milieux terrestres environnants de qualité et de l'organisation de réseaux de sites interconnectés. De petits aménagements (branches, débris divers) à proximité des sites de reproduction permettent d'offrir des abris terrestres et éventuellement des sites d'hivernage. La probabilité et la rapidité de colonisation de nouvelles mares dépend de leur qualité, de la proximité d'une population source et de la connectivité paysagère. Les opérations de translocation pour coloniser des sites ou déplacer une population menacée de destruction imminente doivent être réalisées de manière réfléchie, avec précaution et n'être envisagées qu'en dernier recours. La colonisation naturelle d'un site restauré est d'ailleurs, à l'inverse d'une (ré-)introduction, un gage de qualité des travaux de restauration opérés.
(Photo © G. Vogel ; texte partiellement extrait de Amphibiens et reptiles de Wallonie, Aves/Raînne et Great crested newt conservation handbook, FrogLife)
►Travaux de restauration de l'habitat du Triton crêté (Article)
►Inventaire des populations de Tritons crêtés (Article)
Répartition du Triton crêté dans le bassin de la Chiers
(État des connaissances au 31/12/2011)
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